VIOLENCE
DANS LA COMMUNAUTE
Le monde est un endroit dangereux
pour un enfant privé de protection. Les
études prouvent qu’aucun pays n’est
épargné par la violence dans la
communauté – même si l’ampleur
du phénomène est difficile à
mesurer.
La pauvreté, la délinquance
et l’exploitation sont le lot quotidien
de beaucoup des enfants de la région.
L’Europe orientale et l’Asie centrale
connaissent des risques spécifiques :
la pauvreté fait le lit de la délinquance
; à cause d’elle, des enfants et
des jeunes se retrouvent à la rue, d’autres
sont affectés à des formes de
travail cruelles ou illicites, beaucoup se laissent
séduire par des gangs de malfaiteurs
et la violence. Les homicides et les blessures
connaissent une montée en flèche,
notamment en Europe orientale. D’autres
enfants encore vivent dans la rue de la mendicité
ou de la prostitution, exposés à
la violence des clients ou de la police. La
pauvreté conduit à l’exploitation
; le crime organisé profite de la misère
pour se livrer à la traite d’enfants
à des fins d’exploitation sexuelle
ou de travail forcé pour le compte de
délinquants.
Même dans les secteurs
les plus structurés de la vie de la communauté,
la violence peut guetter les enfants –
durant leurs loisirs, dans les clubs et même
dans les enceintes religieuses, comme les églises.
Certains enfants sont contraints de s’entraîner
trop dur ou de jeûner excessivement pour
réaliser des performances sportives,
d’autres endurent les punitions corporelles
de leurs entraîneurs ou de leurs soignants.
Les faits
Il est difficile d’obtenir
des statistiques sur la violence dans la communauté.
Or, il faut plus de données si l’on
veut aider les gouvernements à agir.
L’ampleur de la traite des enfants et
de leur exploitation sexuelle reste à
évaluer et les chiffres relatifs à
la délinquance ne concernent que les
cas mis en lumière. Les chiffres ci-après
visent à donner un aperçu général
de la situation :
- La violence des gangs s’est
accrue de façon exponentielle en Europe
orientale. En Fédération de Russie,
les taux d’homicide de jeunes entre 10
et 24 ans ont augmenté de 150 % depuis
la chute du communisme. Les meurtres ont plus
que doublé en Azerbaïdjan, en Fédération
de Russie et en Lettonie.
- Aux Pays-Bas, en 1995, le risque d’agression
était quatre fois plus élevé
parmi les 15-17 ans que parmi les adultes.
- A Brême, en Allemagne, la violence des
gangs représente presque la moitié
des crimes violents rapportés.
- A St-Pétersbourg, sur les 10 000-16
000 sans-abri (chiffre estimé), la moitié
a moins de 13 ans. Entre 10 et 30 % d’entre
eux sont particulièrement exposés
à la violence parce qu’ils sont
impliqués dans des activités criminelles
(trafic de stupéfiants ou vols) ; environ
20 % des moins de 18 ans vivent de la prostitution.
- La police arrête régulièrement
des enfants des rues, les emprisonne et les
inculpe de délits mineurs.
- Le travail forcé est monnaie courante
dans les champs de coton d’Asie centrale.
Les enfants sont soumis à des conditions
de travail inhumaines en Ouzbékistan,
au Tadjikistan et au Turkménistan.
- En 2003, la police londonienne a identifié
14 cas d’enfants victimes de la traite
à des fins d’esclavage domestique.
- Des enfants albanais et roumains sont conduits
en Europe occidentale pour aider des gangs de
malfaiteurs à commettre des vols et d’autres
crimes.
- Depuis 1995, plus de 5 000 cas d’abus
d’enfants par le clergé catholique
ont été rapportés dans
le monde entier. Ces dernières années,
30 prêtres ont été accusés
d’abus sexuels en France ; 21 cas ont
été notifiés en Grande-Bretagne
entre 1995 et 1999, et 13 en Allemagne entre
1994 et 2001.
- Selon les rapports d’experts, environ
20 % des jeunes dans le monde sportif sont exposés
à des abus et environ 10 % en sont réellement
victimes.
Qu’est-ce qui est fait ?
Des traités internationaux,
comme la Convention relative aux droits de l’enfant
et la Convention européenne des droits
de l’homme, prévoient des moyens
pour protéger les enfants – dont
leur droit à la vie et à une vie
familiale.
Les conventions de l’Organisation
internationale du Travail (OIT) visent à
abolir les pires formes de travail des enfants,
comme la vente et la traite d’enfants,
la prostitution, leur engagement dans les forces
armées et/ou dans des industries dangereuses,
ou encore le travail forcé.
La convention la plus récente
du Conseil de l’Europe vise à stopper
la traite des enfants. Sa Convention sur la
cybercriminalité donne à la police
les moyens de travailler par delà les
frontières pour fermer les sites de pornographie
enfantine.
Le Royaume-Uni a ouvert la
première unité pour protéger
les enfants dans le domaine sportif, et la Football
Association a mis sur un pied un groupe de stratégie
éthique pour s’attaquer au problème.
Comment faire davantage ?
- Les gouvernements doivent
mettre en pratique les engagements qu’ils
ont souscrits en signant divers traités
internationaux.
- Le vagabondage, la prostitution
et la mendicité devraient être
dépénalisés pour les enfants.
- En revanche, l’exploitation
sexuelle et la possession de pornographie enfantine
devraient être criminalisées.
- Les gouvernements doivent
promulguer des lois leur permettant de poursuivre
leurs ressortissants pour des crimes sexuels
commis à l’étranger.
- La police devrait être
formée à la prise en compte et
au respect des droits des enfants, et traiter
leurs cas avec un tact tout particulier.
- Toute personne travaillant
avec des enfants devrait faire l’objet
de contrôles préalables pour s’assurer
qu’elle n’a pas de casier judicaire
pour violence criminelle.
- Il faudrait adopter des mesures
de lutte contre le travail des enfants qui tiennent
compte de l’ensemble des facteurs et qui
donnent la priorité à l’éradication
de la pauvreté.
- Les actions tant nationales
qu’internationales conduites contre la
traite des enfants devraient prendre en compte
les besoins spécifiques des enfants.
- Les pays riches devraient
immédiatement accroître l’aide
internationale destinée à la lutte
contre la pauvreté.
Références
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violence et la santé, Genève,
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for its Day of General Discussion on State Violence
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David, P., Human Rights in
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Morello, Sara E., 'The Vatican
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