CHANGER
LES COMPORTEMENTS
« Les enfants ont besoin
d’un peu de discipline. Cela ne m’a,
personnellement, jamais fait de mal. »
Des études sur la santé mentale
montrent invariablement les liens entre la violence
et la mauvaise santé. Les adultes qui
ont été victimes de mauvais traitements
dans leur enfance constituent l’un des
maillons d’une chaîne tragique.
Ils ont moins de chances que les autres de vivre
heureux et épanouis et risquent davantage
de se laisser aller eux-mêmes à
la violence, seul moyen qu’ils aient appris
comme enfants de régler les problèmes.
«Tout le monde est farouchement
opposé à une interdiction des
châtiments corporels. On ne peut pas changer
les comportements. »
L’exemple suédois prouve le contraire.
Lorsque, pour la première fois, la Suède
a envisagé l’interdiction des châtiments
corporels, une forte opposition s’est
manifestée ; la loi est intervenue en
1979 ; une campagne de sensibilisation et de
formation au métier de parent a provoqué
un profond changement de comportement. En 1995,
seuls 6 % des parents jugeaient admissible de
battre un enfant.
« D’accord, les
affaires évoquées dans les journaux
sont déplorables mais la violence et
les sévices sexuels dans les familles
sont vraiment très rares. La famille
est un refuge pour les enfants. »
Les affaires qui font la une des journaux sont
la partie visible de l’iceberg. Les études
menées par des organisations comme le
Conseil de l’Europe critiquent les médias
qui montent en épingle les faits qui
sortent de l’ordinaire – comme les
enlèvements par des étrangers
– alors que, dans la plupart des cas,
la violence et les sévices ont lieu au
sein de la famille. Le Bilan Innocenti de l’UNICEF
montre que, chaque année, 3 500 enfants
de moins de 15 ans meurent à la suite
d’agressions physiques et par manque de
soins dans les pays industrialisés.
« On ne peut pas s’immiscer
dans la culture des autres peuples… même
si l’on n’apprécie pas ce
qu’ils font. »
Rien n’excuse le type de violence subi
par les filles excisées, les enfants
forcés de se marier très jeunes
ou punis – voire tués – pour
avoir transgressé certaines règles
culturelles. Des projets de sensibilisation
comme le programme Daphné de la Commission
européenne ont montré qu’il
est possible de travailler avec les responsables
communautaires et les chefs religieux pour changer
les comportements.
Les pères changent d’avis sur l'excision
génitale lorsqu’ils sont confrontés
à la réalité de la douleur
qu’éprouve leur fille. Les communautés
ont commencé à étudier
des moyens cérémoniels et non
violents de préserver les rites marquant
la transition entre l’enfance et l’âge
adulte.
« Ma voisine bat ses
enfants mais cela ne me regarde pas. »
Fermer les yeux sur la violence revient à
l’accepter. Il vaut peut-être mieux
ne pas affronter directement l’auteur
de ces violences mais il y a de nombreux moyens
d’apporter son aide. On peut alerter la
police ou les autorités ou bien soutenir
l’enfant en faisant appel à un
service d’assistance téléphonique.
On peut aussi s’associer à la campagne
contre la violence à l’égard
des enfants et faire entendre sa voix en participant
à l’un des nombreux groupes européens
qui font campagne.
« Les enfants sont des
‘durs à cuire’. Ils oublient
vite. »
Des entretiens avec des enfants originaires
de divers pays et n’ayant que cinq ans
montrent l’étendue des dommages.
« Ça fait mal dedans » déclare
un enfant de sept ans. Un sondage effectué
par l’UNICEF auprès d’enfants
montre qu’ils veulent avoir la possibilité
de discuter avec les adultes pour mettre les
choses au clair et non pas qu’on les frappe
ou qu’on crie contre eux.
« La plupart des parents
ne battent pas leurs enfants. »
Des études montrent que dans les pays
où le châtiment corporel est toujours
légal, la plupart des parents croient
en son utilité et y ont recours. D’après
une enquête menée en 2002 en République
slovaque, 98,6 % des parents estimaient qu’ils
devaient infliger des corrections à leurs
enfants et 42 % qu’on pouvait le faire
à l’aide d’un instrument.
« Certes la violence
est détestable mais ce n’est pas
vraiment un problème prioritaire. Ce
n’est pas comme si elle nuisait à
l’économie, n’est-ce pas
? »
La violence coûte cher. Il faut de l’argent
pour les services de santé – tout
d’abord pour remettre en état les
membres meurtris puis pour « rafistoler
» les vies meurtries car les adolescents
et les adultes ayant subi des sévices
dans leur enfance se tournent vers la drogue,
l’alcool ou l’absentéisme
pour échapper à leurs problèmes.
Un rapport de 1999 de l’OMS sur la prévention
suggère que pour la société,
le coût humain et financier des sévices
sexuels infligés aux enfants est très
élevé : le coût des mesures
de prévention est largement inférieur
aux coûts initial et à long terme
combinés pour les personnes, les familles
et la société.
« Ils peuvent être
blessés dans leur chair par des bâtons
et des pierres mais les mots ne blessent jamais.
Par conséquent, si je ne bats pas mon
enfant, je ne peux pas lui faire de mal, n’est-ce
pas ? »
Les punitions sans violence peuvent être
tout aussi préjudiciables. Des travaux
menés par le Conseil de l’Europe
ont montré que la violence mentale –
qui consiste, par exemple, à menacer,
à ridiculiser ou à effrayer l’enfant
– pose de graves problèmes de santé
en Europe. Les enfants sont également
affectés par la violence entre les parents.
La meilleure solution, c’est que les gouvernements
apportent un soutien aux parents pour les aider
à déterminer comment bien réagir.
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