Consultation Régionale pour l’Etude des Nations Unies sur la Violence Contre les Enfants
.5-7 Juillet 2005 Lubljana, Slovénie  
Europe et Asie Centrale
 
 
 
 

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LA VIOLENCE DOMESTIQUE

Aux termes de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, la famille est « le milieu naturel pour la croissance et le bien-être ». Les études menées en Europe et en Asie centrale brossent néanmoins un tableau plus sombre de la réalité. Pour beaucoup d’enfants, la maison n’est pas un paradis, mais plutôt un enfer : le lieu où la violence est la plus présente, le lieu où elle est le moins visible.

La société hésite encore à agir contre la violence au sein de la famille. Les enfants sont souvent considérés comme la « propriété » des parents, et non comme des individus à part entière détenteurs de leurs propres droits à la protection. Les sanctions violentes et humiliantes infligées par les parents et les proches sont très fréquentes dans la majorité des pays d’Europe et d’Asie centrale, et elles ne sont pas sanctionnées par la loi. Certaines pratiques traditionnelles préjudiciables, comme l’excision et les crimes d’honneur, ne sont pas contestées, par ignorance et par peur de choquer.

Chaque jour, dans tous les pays d’Europe, des enfants sont ridiculisés, menacés, frappés ou séquestrés. De tels agissements à l’encontre d’adultes seraient passibles de sanctions.


Les données du problème

Les exemples suivants donnent une vue d’ensemble de la situation en Europe et en Asie centrale. Il n’est jamais aisé de recueillir des données et des chiffres sur la violence. Beaucoup d’enfants ont peur de s’exprimer et les statistiques peuvent être influencées par les questions que posent les chercheurs, par la taille ou la composition des groupes qu’ils choisissent d’interroger. On commence seulement à disposer de donnés officielles sur les atrocités commises, comme les abus sexuels et les pratiques traditionnelles préjudiciables, la majorité des cas étant couverts d’une chape de silence.


La violence au sein de la famille

- Selon l’UNICEF, chaque semaine, deux enfants meurent en Allemagne et au Royaume-Uni des suites de mauvais traitements, et trois enfants en France.

- Le risque d’homicide est trois fois plus élevé pour les enfants de moins d’un an que pour les 1-4 ans, qui sont à leur tour deux fois plus exposés que les 5-14 ans.

- Selon une étude menée en 2003 en Croatie, 93 % des enfants ont subi des violences.

- La plupart des parents continuent à croire qu’il est acceptable de frapper ou de gifler un enfant.

- Dans bon nombre de pays, 10 à 30 % des enfants sont violemment frappés avec une ceinture, un bâton ou tout autre objet ; dans certains cas, la maltraitance va jusqu’à la torture.

- Plus de la moitié des enfants moldaves interrogés au cours d’une enquête ont signalé avoir déjà reçu des coups et blessures.

- Trois quarts des mères britanniques interrogées au milieu des années 1990 admettaient avoir « frappé » leur enfant avant l’âge d’un an.


Les abus sexuels

- Les victimes sont principalement les filles – pré-adolescentes ou jeunes adolescentes – et les enfants handicapés.

- Selon une étude menée dans 14 pays européens, le taux d’abus sexuels, au sein de la famille et hors de la famille, est de 9 %. Parmi les victimes, 33 % seraient des filles et de 3 à 15 % des garçons.

- Selon une étude menée en 2000 en Roumanie, 9,1 % des enfants interrogés auraient subi des sévices et 1,1 % auraient été violés.

- Au Tadjikistan, 9,7 % des mères de famille ont déclaré que leur mari ou un de leurs proches avait abusé sexuellement de leurs enfants.


Les pratiques traditionnelles préjudiciables

- Les « crimes d’honneur » – c’est-à-dire les crimes perpétrés au sein d’une famille par des proches estimant que l’un des leurs a commis un acte immoral – existent depuis des siècles en Albanie et en Turquie.

- Des jeunes femmes ont été assassinées par leurs proches en Allemagne, au Royaume-Uni et en Suède pour avoir refusé de se conformer aux pratiques traditionnelles.

- Les mariages précoces, qui sont encore pratiqués chez les Roms, obligent de toutes jeunes filles à se marier contre leur gré en Albanie et en Slovaquie.

- Au Royaume-Uni, environ 200 cas de mariages forcés sont signalés chaque année au Ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth.


Quelques initiatives

Il ressort de divers rapports que l’Europe est en avance sur les autres régions en termes de mesures prises pour faire cesser la violence à l’égard des enfants. Les pays d’Europe parviennent à se défaire rapidement d’un passé où l’on ne tolérait que trop fréquemment les châtiments violents et humiliants. La Suède, qui avait entamé un processus de réformes législatives il y a cinquante ans, est ainsi devenue en 1979 le premier pays au monde à interdire explicitement les châtiments corporels. Cette démarche a été suivie par l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, le Danemark, la Finlande, la Hongrie, l’Islande, l’Italie, la Lettonie, la Norvège, le Portugal, la Roumanie et l’Ukraine. D’autres pays, comme les Pays-Bas, la Slovaquie et la Slovénie, ont annoncé leur intention de promulguer une loi contre les châtiments corporels.

La réforme des lois s’accélère. La Cour européenne des Droits de l’Homme a prononcé un certain nombre d’arrêts exigeant un durcissement des lois contre la violence sur les enfants et a rappelé aux gouvernements leur obligation de rendre passibles de sanctions pénales les rapports sexuels non consentis.

En Europe, le nombre de programmes de formation au « métier de parent » est en pleine croissance. Par exemple, en République de Moldova, l’éducation au rôle de parent est en train de s’intégrer au système de santé. En Serbie-Monténegro, des équipes d’assistance mobiles et des groupes multidisciplinaires pour la protection de l’enfant sont mis en place dans les villes, en faisant appel au savoir-faire et à la mobilisation des communautés.


Nos propositions

Il importe que :

- les Etats soient rendus responsables des manquements à la protection des enfants contre toute forme de violence ;
- l’Europe devienne une zone exempte de tout châtiment corporel ;
- l’intérêt des enfants ait la priorité dans toutes les mesures politiques et les décisions prises pour prévenir la violence et y répondre ;
- les gouvernements soient à l’écoute des enfants et tiennent compte de leurs points de vue lorsqu’ils prennent des mesures contre la violence ;
- les écoles et les services sociaux et de santé se mobilisent pour enseigner aux adultes que la violence contre les enfants est inacceptable ;
- les enfants apprennent à régler les conflits sans avoir recours à la violence. C’est à l’école qu’il faut les sensibiliser à leurs responsabilités et à la notion de consentement dans les relations sexuelles ;
- les décès ou blessures graves d’enfants survenant à la maison fassent l’objet d’une enquête rigoureuse et systématique ;
- toute personne travaillant dans le domaine de la protection de l’enfance reçoive un salaire convenable et une formation appropriée, et soit soumise à des codes déontologiques ;
- les tribunaux instaurent des méthodes adaptées aux enfants pour recueillir leurs témoignages ;
- les dispositifs régionaux et internationaux des droits de l’homme soient accessibles aux enfants. Par exemple, ils devraient pouvoir entamer une procédure devant la Cour des Droits de l’Homme ;
- les enfants victimes de la violence puissent accéder librement à des soins gratuits axés sur la réhabilitation et la réintégration ;
- les journalistes rendent compte de l’ampleur du problème de la violence domestique autrement qu’à travers des reportages à sensation sur des cas isolés ;
- les pays européens prennent pleinement conscience des pratiques traditionnelles préjudiciables.


Références

Child Abuse and Neglect in Romanian Families, a National Prevalence Study 2000, Autorité Nationale pour la Protection de l’Enfance et l’Adoption (OMS et Banque Mondiale), Bucarest, 2002.

L’abus sexuel des enfants en Europe, Corinne May-Chahal et Maria Herczog, Les Editions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2003.

Plan d’action du Programme national pour réduire la maltraitance et l’exploitation des enfants au Tadjikistan, par l’UNICEF et la Commission nationale de protection des enfants.

Innocenti Report Card No. 5, A league table of child maltreatment deaths in rich nations, UNICEF Centre de recherches Innocenti, Florence, 2003.

Réponses au questionnaire gouvernemental diffusé par les Nations Unies dans le cadre de l’étude sur la violence contre les enfants.

Recherche sur l’étendue de la violence punitive sur les enfants, résumée par l’Initiative mondiale pour mettre un terme à tous les châtiments corporels infligés aux enfants. Site consultable à l’adresse suivante : http://www.endcorporalpunishment.org

 


 

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